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11 mai-11 juin : le bilan de santé du premier mois de déconfinement

Déconfinementdossier
Depuis la levée du confinement, il y a un mois, le nombre de morts et d'hospitalisations en réanimation sont à la baisse.
par Baptiste Bouthier, Christelle Perrin et Alice Clair
publié le 11 juin 2020 à 6h08

Un mois jour pour jour après la fin du confinement, dont nous avions déjà calmement fait le bilan, le pays n'a plus les yeux rivés sur les indicateurs sanitaires qu'il n'avait mis que quelques semaines à apprendre par cœur ou presque. Nombre de morts, nombre de cas et entrées quotidiennes en réanimation, etc. Ces données ont peu à peu disparu du centre de nos préoccupations, ce qui signifie au moins deux choses : le déconfinement a élargi notre horizon, et il n'a pas fait ressurgir la question sanitaire comme un élément de préoccupation immédiate.

Depuis le 11 mai, les différents outils qui permettent de mesurer l’étendue de l’épidémie de Covid-19 en France n’ont en effet cessé de confirmer la tendance de la fin de la période de confinement, c’est-à-dire d’un retour lent, progressif, mais constant vers la normale. L’indicateur le plus évident de cette situation, c’est celui du nombre de morts liés au coronavirus. Au-delà de la question des Ehpad, où le relevé des décès est trop aléatoire pour être suivi correctement, le nombre de morts du Covid-19 recensés dans les hôpitaux est en baisse continue.

Le coronavirus tue toujours, c’est vrai, mais de moins en moins. Le 11 mai, 178 personnes étaient encore mortes du Covid en 24 heures, et la moyenne sur sept jours s’établissait alors à 142. Cette moyenne glissante n’a depuis fait que baisser, s’établissant un mois plus tard à 38, et l’on n’a plus recensé plus de 100 morts en une journée depuis le 19 mai. Un retour à zéro est néanmoins très prématuré à cette heure : la courbe paraît atteindre un plancher, autour d’une quarantaine de décès quotidiens, et elle pourrait rester dans ces eaux un moment.

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Il semble en revanche improbable de voir cette courbe remonter dans les prochaines semaines. Un optimisme nourri par un autre indicateur : celui des cas graves admis dans les services de réanimation des hôpitaux. Ce contingent nourri, in fine, le nombre de décès quotidiens ; or il ne fait que décroître depuis le 11 mai, et même depuis le 8 avril. Ce jour-là, en plein confinement, le nombre de patients en «réa» avait atteint son pic à 7 148. Depuis, il a baissé tous les jours : 2 712 le 11 mai, et jusqu’à 933 mercredi 10 juin.

Pourtant, le déconfinement et la reprise des interactions sociales qu’il impliquait laissaient craindre une inversion de cette courbe. On en est loin et cela devrait durer là encore, car dans le même temps, le nombre d’entrées quotidiennes en réanimation n’en finit plus de chuter. Au 11 mai, la moyenne des entrées en «réa» était autour de 75 en 24 heures. Cette moyenne est tombée autour de 20 maintenant, et la barre de 50 en un jour n’a plus été franchie depuis trois semaines. Or qui dit moins d’entrées en réanimation chaque jour dit globalement moins de cas graves en «réa» ; et, in fine, moins de décès.

Cette lecture encourageante des cas en réanimation à l’échelle de la France entière pourrait masquer de fortes disparités régionales. Celles-ci existent dans l’absolu : ce mercredi, près de la moitié des patients en «réa» étaient en Ile-de-France (435 sur 933) et un troisième quart dans trois autres régions seulement (Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Hauts-de-France). Mais l’explication est simple et ancienne : il s’agit de régions fortement peuplées et/ou qui ont été les épicentres originels de l’épidémie en France. Ce qui est rassurant, au bout d’un mois de déconfinement, c’est que la tendance à la baisse des cas grave en «réa» suit le même rythme dans toutes les régions de France métropolitaine, quel que soit le nombre de patients concernés.

Le 11 mai, les 2 712 cas en réanimation à l’échelle nationale représentaient 37,9 % du pic de 7 148, et toutes ces régions se situaient entre 30 % et 40 % de leur propre pic (à l’exception de la Normandie à 23 %). Depuis, aucune n’a perdu le rythme. Le nombre de cas graves est descendu en dessous de 17 % du pic partout, et même sous les 10 % dans les deux-tiers d’entre elles, dont la Bourgogne-Franche-Comté, jadis fortement touchée.

Reste un dernier indicateur, qui pourrait infléchir les conclusions précédentes. On pourrait présumer que si le Covid-19 tue moins, ou même qu'il mène moins de personnes en service de réanimation, c'est uniquement parce qu'il est désormais mieux connu et pris en charge par le personnel soignant des hôpitaux, évitant ainsi un trop grand nombre de cas graves. Ces premiers indicateurs pourraient donc baisser au détriment du nombre de patients hospitalisés, et c'était une hypothèse crédible au sortir du confinement : ce chiffre baissait bien plus lentement que les autres. Mais depuis, la décrue s'est poursuivie et cette hypothèse a été battue en brèche.

Depuis un mois, la baisse du nombre de patients hospitalisés est très régulière, et contrairement à celle des morts ou des cas en «réa», cette courbe ne semble pas encore atteindre de plancher. Alors que l’on comptait 22 284 hospitalisations le 11 mai, ce qui représentait alors 6 % du pic atteint pendant le confinement (32 292 le 14 avril), ce chiffre est tombé à 11 678 (soit 36 % du pic). Dit autrement : durant ce premier mois de déconfinement, le nombre de patients hospitalisés pour Covid-19 a baissé d’autant (-10 606) qu’au cours du dernier mois de confinement (-10 008).

La tant redoutée deuxième vague aura peut-être lieu un jour, lorsque les températures redescendront à l’automne par exemple. Mais tous les indicateurs sanitaires indiquent que ce ne sera pas sans doute dans les prochaines semaines.

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